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Le constat : dans un contexte où le développement économique repose sur la capacité d'innovation, le système français des grandes écoles apparaît aujourd'hui mal adapté.
1. L'innovation scientifique et technologique est devenu un facteur différenciant du développement économique.
Au sein d'une économie globale, c'est le potentiel d'innovation qui fait la différence, et non plus la simple maîtrise des techniques de gestion et de production. Ainsi, au delà des métiers traditionnels de l'ingénieur, ce sont les filières de la découverte scientifique et de l'innovation technologique qui sont nos meilleurs espoirs de relais de croissance.
Les enjeux sont doubles : (1) procurer aux entreprises des avantages concurrentiels en termes de création d'innovation, (2) développer la capacité à innover en France et les emplois correspondants.
2. En dépit de la " matière grise " qu'elles attirent, les grandes écoles ne participent que marginalement à la création d'innovation.
Ainsi, alors qu'ils ont été sélectionnés par les concours pour leurs compétences avant tout analytiques et scientifiques, les élèves ingénieurs sont encouragés à poursuivre des carrières d'encadrement qui les détournent de la science et de la technologie. En conséquence, ils participent peu à l'effort de recherche et de création d'innovation : alors qu'au MIT 41% des
MSc. poursuivent en PhD, ce sont moins de 5% des ingénieurs qui poursuivent en thèse .
Le prestige des diplômes des grandes écoles a pour corollaire une sous valorisation du doctorat et des filières de recherche, alors que ce sont ces filières qui sont les plus valorisées dans d'autres pays européens ainsi qu'aux Etats-Unis pour leurs capacités d'innovation.
On ne peut alors que constater, d'un côté, le relatif sous-financement de la recherche publique par le secteur privé (relativement à d'autres pays occidentaux) et, de l'autre, la part encore modeste des transferts d'innovation du public vers le privé (par exemple licences de brevets) .
3. Le morcellement institutionnel aussi bien que géographique des grandes écoles, ne leur permet pas de jouer le rôle de " fer de lance de l'innovation " que joue par exemple une institution comme le MIT aux
Etats-Unis.
Les grandes écoles françaises sont des institutions de petite taille en comparaison des universités de renom international, aussi bien en nombre d'étudiants qu'en nombre
d'enseignants-chercheurs et de moyens. Et elles sont dispersées géographiquement.
Cela entraîne au moins quatre conséquences en termes de fonctionnement et de retombées pour la nation :
(1) La dispersion institutionnelle et géographique sont autant de freins à l'interdisciplinarité et aux projets de groupes, et entraînent aussi bien une redondance d'enseignements que l'impossibilité de bénéficier des retombées positives d'un même pôle géographique, en dépit d'un effort de mise en réseaux de certaines grandes écoles entre elles ou avec des universités étrangères,
(2) Malgré une majorité d'unités mixtes de recherche avec des grands organismes, la séparation institutionnelle entre enseignement et recherche révèle un environnement atomisé où les synergies effectives de création d'innovation sont difficiles à concrétiser entre élèves-ingénieurs et chercheurs,
(3) Sauf exception, les grandes écoles françaises ont une très faible visibilité à l'international en dépit d'un fort prestige national,
(4) Elles traversent par ailleurs pour certaines de grandes difficultés de financement.
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